Qui est le designer ? Un créateur attaché à la forme, héros de la stylistique ? Un outsider proposant un regard neuf sur la multitude d’objets qui nous entourent ?
Après tout le sens du terme latin d’origine « designare » n’indique-t-il pas « le chemin vers » ? Dans un contexte de crise économique, la société et les entreprises opérant dans l’urbain ne gagneraient-elles pas à intégrer cette vision innovante qui permettrait d’adapter nos villes aux mutations actuelles ?
La posture du designer : non pas stylistique mais analytique
Face à la création, de multiples postures sont envisageables. Lorsqu’il s’agit de créer du mobilier urbain, le designer doit le plus souvent composer avec une logique de production en série.
La première phase du travail du designer est de questionner l’objet et l’espace sur lequel il travaille, en accord avec les demandes du client et les attentes de l’usager. Il s’agit là d’un travail d’introspection et d’analyse. La forme est importante, mais elle est seulement le résultat de cette réflexion, dont l’usager et le service sont au centre. Une approche qui serait uniquement stylistique, formaliste, n’a que peu de sens.
La démarche créative : une remise en question guidée par la culture
Comment poser un oeil neuf sur les objets, sur la ville lorsque la société, notre environnement encouragent un certain conformisme ? Par nature, le designer doit cultiver un autre regard, afin de pouvoir accueillir la différence à travers une remise en question permanente des modèles.
Cependant se placer dans ce rôle n’est pas suffisant. Une solide culture historique, artistique, sociologique est la base de toute approche design. Le designer, en s’inscrivant entre passé, présent et futur, adapte, transforme les objets, les lieux, dans une vision transversale et prospective.
L’ultime stade est sans doute la confrontation de cette démarche créative au monde réel de la production. Il est essentiel d’aguerrir son regard au contact des contraintes de l’industrie.
La responsabilité du designer : questionner la production de l’objet
Nous sommes entourés de milliers d’objets. Il est aujourd’hui de la responsabilité du designer de poser la question : « Pourquoi créer un énième objet, et comment le créer afin qu’il soit pertinent ? » Cette remise en question s’applique à toutes les étapes de sa fabrication : forme, matière, usage, fonction, et même à l’outil de production. Par exemple, pourquoi toujours utiliser les mêmes matériaux dans la conception du mobilier urbain ? Cette question nous a amené il y a quelques années à travailler la céramique dans la conception du mobilier urbain avec le CRAFT Limoges et le Pôle européen de la céramique.
Au delà du marketing : développer la culture du design en entreprise
Comment introduire davantage d’innovation dans l’entreprise ? En développant la culture du design dans l’entreprise : c’est ce que nous faisons au quotidien avec nos partenaires industriels. Malgré le contexte économique difficile, ceux qui en font le pari en voient l’impact économique dans la durée.
Il faudrait que les entreprises opérant dans le mobilier urbain soient davantage dans une posture de recherche et d’innovation. Allouer un budget annuel sur ces questions est possible pour une entreprise; c’est la question des enjeux qui peut-être, est plus difficile à saisir. Pour engager une démarche de ce type, il faut avoir la capacité de poser les bonnes questions sur l’entreprise et sur le marché sur lequel on est. L’objectif étant de faire évoluer ou de consolider la philosophie de l’entreprise pour une meilleure cohérence dans le développement de collection de produits.
Le designer et les municipalités : comprendre les nouveaux enjeux en ville
Quant aux municipalités, aujourd’hui l’enjeu principal est de réduire la place de la voiture en ville. Et par conséquent, de développer les transports dits doux (tram, vélo, BHNS etc.) Dans cette nouvelle ère, le piéton se réapproprie l’espace public. Quels sont alors les nouveaux critères d’évaluation des espaces publics par leurs usagers ? Ils ont au nombre de quatre : qualité, confort, sécurité, et convivialité.
Si on souhaite vraiment réduire l’usage de la voiture en ville, les transports publics doivent proposer un service de haute qualité, dans lequel l’usager se sente bien. A Metz par exemple, le défi est connecter le centre-ville et ses quartiers périphériques grâce au bus à haut niveau de service (BHNS), en proposant un transport agréable qui soit adapté aux besoins de la majeure partie de la population. A Nantes, le décision de piétonniser le centre-ville a engagé la ville à développer les liaisons vers le centre par le tramway, le vélo (Bicloo) et le BHNS.
Le rôle du designer urbain dans la nouvelle ère du piéton
Nous sommes dans une nouvelle ère de qualité, de confort, d’amabilité en ville. Le designer doit prendre en compte ces nouvelles attentes du piéton qui se réapproprie son espace public. Nous avons besoin de moins d’agressivité sonore, olfactive, visuelle, souvent générée par la voiture. Nous n’abandonnerons celle-ci que si les transports que l’on nous propose nous offrent de la qualité, que si la rue nous offre de nouveaux services pour davantage de qualité de vie.
Aussi le travail du designer et de participer à ce chantier énorme mais essentiel pour que nos villes ne soient pas uniquement des espaces de consommation ou des centres commerciaux, mais des espaces de vie et d’échange, de rencontres libres d’accès pour tous.
Quels services pour améliorer la qualité du service dans les transports ?
Il y a bien entendu différentes manières d’aborder la question des services et la station Osmose nous a montré les attentes des voyageurs en terme d’informations (ville, quartier et transport) mais également de services innovants : bibliothèque, kiosque café, vélo assistance électrique, etc.
Une autre donnée à prendre en compte est l’émergence des nouvelles technologies qui ont changé et marqué nos vies. Elles nous permettent, dans le contexte de nos déplacements, de ne plus être passif et subir notre temps de transport, mais d’interagir en connaissance de cause.
Pour chacun d’entre nous les attentes face à la technologie sont diverses mais l’importance de l’information transport (horaires, retards, incidents, etc.) permettant de faire des choix de mode de déplacement, métro, bus, vélo, etc., apparaît aujourd’hui comme essentielle.