Sur chacun des projets d’aménagement des espaces publics que l’agence Aurel design urbain a pu développer, le rôle et l’importance du mobilier urbain est toujours un sujet particulier.
On peut d’ailleurs se poser la question de savoir quand ce sujet du mobilier arrive dans le processus de conception : est-ce quelque chose qui est intégré d’entrée dans le projet, ou cela apparaît-il plutôt comme des rajouts au fur et à mesure d’un travail plus global sur l’espace ?
Ainsi, après avoir traité le partage des espaces publics entre piétons, automobilistes, transports publics et vélos, réglé la gestion des flux et des fonctionnalités, adapté le projet aux problématiques techniques de nivellement et d’assainissement, arrive le moment du concept développant une typologie de revêtements, un traitement des espaces verts et de la lumière, et bien entendu du choix du mobilier : potelets, barrières, bancs, luminaires, poubelles, leurs couleurs, leurs designs, leurs positions…
Et finalement la question du mobilier se pose très vite, car on a le désir que les mobiliers dialoguent avec le projet, qu’ils le structurent, qu’ils soient complémentaires et non surajoutés. Avec également des projets où la frontière entre mobilier et architecture, entre mobilier et sol, est plus floue, moins nette : le mobilier n’est plus alors forcément un objet.
Le mobilier urbain est donc tout à la fois porteur d’une approche fonctionnaliste et le vecteur d’une identité du projet. Le mobilier de l’espace public fait d’ailleurs aujourd’hui l’objet d’attentes qualitatives fortes en tant que véritable outil d’aménagement urbain. Il existe dans la définition même du terme « mobilier urbain » la volonté d’harmonisation, d’homogénéisation et d’appartenance : des objets rendant service, venant faciliter et embellir la vie des citoyens d’une ville.
Pourtant, il me semble que le mobilier urbain disposé est trop souvent le produit d’usages spécifiques très (trop) déterminés, qui ne laisse pas suffisamment place à des questions plus larges sur la nature de ces usages mêmes. Le potelet par exemple sert à canaliser les flux des automobilistes, à interdire leurs stationnements : il est porteur de contraintes et d’interdiction fonctionnelles fortes. Ne devrions-nous pas plutôt nous poser la question de comment le piéton traverse, marche, et comment la voiture se déplace ? Egalement, comment se rencontrer ou échanger pour les bancs ?
Les designers de ces mobiliers urbains doivent être en mesure d’inventer, d’expérimenter de nouvelles pratiques, de nouveaux concepts. Plus que l’artiste qui nous amène à remettre en question notre compréhension de la réalité, le designer de mobilier urbain doit proposer des solutions innovantes et inventer de nouvelles possibilités dans le but d’améliorer la qualité de vie.