Daniele Costantini est Directeur & Membre Fondateur chez Hookah Design Thinking Brasil Ltda. Hookah est une entreprise de conseil spécialisée dans le domaine de l’innovation, qui se base sur la méthodologie du Design Thinking. C’est à la prestigieuse D.School de l’Université de Stanford que Daniele Costantini a étudié cette approche née dans la Silicon Valley dont il évoque pour nous les infinies possibilités.
Brainstorming, innovation, créativité, l’expression « Design Thinking » est rattachée à de nombreux concepts. Quelle en serait votre définition ?
En cherchant sur le web on trouve plusieurs définitions du « Design Thinking »: « Human Centred Design », « Problem Solving + Need Finding », « User Centred Design »…
Chez Hookah le Design Thinking est tout simplement une façon de penser, une approche centrée sur l’être humain qui a conduit à une méthode très efficace pour résoudre des problèmes complexes en partant des besoins des utilisateurs.
Disons que le Design Thinking, au lieu de créer des nécessités, recherche les vrais besoins et s’efforce de donner une réponse qui soit la plus cohérente possible par rapport à ces nécessités.
Première constat important : on peut dire que dans plusieurs situations, la plupart des gens ne savent pas exactement ce dont ils ont vraiment besoin pour améliorer leur vie. Ils croient le savoir, car ils sont conditionnés par la télévision, le marketing, leur parcours de vie, leur éducation, leur environnement etc.
Mais en fait tout cela représente une réalité virtuelle avec laquelle nous sommes habitués à cohabiter et qui nous affecte dans nos choix. Nos cerveaux ressemblent à un assemblage de petites boîtes où nous allons chercher des réponses dont nous avons besoin sur le moment.
Et justement, la vraie puissance du Design Thinking réside dans sa capacité à aller au-delà des paradigmes existants, en repensant les services, les processus, les produits et les expériences.
Qu’est-ce que le Design Thinking a à apporter aux dirigeants d’entreprise ?
Le Design Thinking est un outil très puissant, et aussi effrayant. Il défie surtout les positions définies, les pensées consolidées, les institutions, les statuts … Il faut du courage et il faut être un excellent dirigeant pour accueillir le Design Thinking dans l’entreprise, mais les résultats sont une belle récompense pour celui qui a eu le courage de l’utiliser.
Finalement on peut utiliser le Design Thinking pour résoudre des tâches spécifiques, telles que la création d’un nouveau produit, d’un nouveau service ou bien d’une nouvelle expérience. Par ailleurs il peut devenir un modèle de pensée dans l’institution, que ce soit une entreprise, une ONG, une mairie, un gouvernement…
Pour donner deux exemples, en 2001 Procter&Gamble déclare que le Design Thinking fait partie intégrante de sa culture de l’innovation ; en 2006, le Forum économique mondial à Davos l’adopte comme outil principal pour résoudre les tâches les plus complexes.
En quoi la démarche du Design Thinking peut-elle apporter des solutions innovantes aux problématiques liées à nos espaces publics?
Je dirais que c’est une liaison plutôt inévitable et qui ne peut qu’apporter de bons résultats. Comme je disais au début de cette interview, le principe le plus important du Design thinking c’est en fait le rôle central de l’être humain.
À travers la phase d’empathie, pendant laquelle on observe, on fait des interviews, on vit une expérience, et comme cela on arrive à découvrir les besoins inconscients des utilisateurs. Sur cette base, les designers en accord avec l’administration publique, peuvent apporter de solutions inexplorées qui conviennent parfaitement aux usagers.
Le Design Thinking, est-ce aussi faire travailler ensemble l’urbaniste, l’architecte et le designer urbain ?
Oui, sans doute. Mais il faut absolument accepter l’idée que le Design Thinking est une méthodologie très collaborative et libre de tout égocentrisme. Quand on parle de projet de Design Thinking il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un projet avec une forte base stratégique.
Dans le cas des espaces publics un travail collaboratif est donc inévitable, un travail où chacun des sujets mentionnés apporte son expertise de façon ouverte et coopérative.
A votre avis, y-a-t-il un réveil des consciences, politique, économique au sujet de l’innovation en France, et quel peut être l’apport de la philosophie du Design Thinking à ce sujet ?
À vrai dire, ça fait déjà un moment que je ne suis plus trop au courant de ce qui se passe dans la vie politique et économique française. Ce que je peux dire, c’est que, face aux défis futurs, sans une approche comme le Design Thinking, l’avenir va être bien plus difficile pour les entreprises, le gouvernement et finalement pour les citoyens…